14 03 230405 TOR JOF 16092

Ce mercredi 5 avril à 12h51’19’’, heure française, Paul Meilhat, Anthony Marchand, Samantha Davies, Damien Seguin et leur reporter embarqué Ronan Gladu ont franchi la ligne d’arrivée à Itajai, Brésil.

Biotherm se classe 4e  de cette longue étape : un morceau de bravoure de presque 38 jours, en forme de parcours du combattant dans le Grand Sud. Soudé, combatif, l’équipage de Biotherm a pris du plaisir à travailler ensemble et à décrocher, chaque jour, d’innombrables petites victoires sur l’adversité. Les soucis techniques ont ponctué leur route et entravé leurs ambitions sportives, mais le bonheur de les avoir surmontés et d’avoir appris, beaucoup, tout au long de ces 14 000 milles de navigation, l’emporte aujourd’hui sur tout le reste.

14 03 230405 TOR JOF 16326© Sailing Energy / The Ocean Race

« C’était épique »

C’est comme s’ils revenaient d’une autre planète et se reconnectaient à la vie. Une vie debout, au sec, dans un univers stable et réconfortant, se retrouvant soudain les bras ballants, sans manivelle à tourner, sans bout à tirer, sans voiles à déplacer, sans écrans à surveiller. Avec cette arrivée sur la terre ferme, il y a le soulagement d’être libéré d’une aliénation propre au métier de marin, celle qui consiste à faire marcher un bateau coûte que coûte, nuit et jour. Mais il y a aussi et surtout l’énorme satisfaction d’avoir accompli une mission.

« C’est une victoire d’être à l’arrivée, reconnaît Anthony Marchand, on a cassé beaucoup de choses, mais on a trouvé des solutions, c’est en cela que notre aventure a été une réussite ».« Plus on s’approchait de l’arrivée et plus les ennuis s’accumulaient » confirme Damien Seguin. « C’était épique,poursuit Sam Davies. La distance, le challenge d’emmener un bateau puissant mais aussi très jeune comme Biotherm. On savait que ça allait être dur, mais ça faisait partie du défi ».« Cela peut être frustrant pour le résultat,reconnaît le skipper Paul Meilhat, mais il ne faut pas s’en tenir à cette frustration et rester sur la satisfaction de progresser dans ce projet. On s’en sort bien. Nous n’avons pas eu de problème structurel, ce sont juste des défauts dus à notre manque de temps pour éprouver le bateau ». 

Dans ce contexte, l’expérience et la force de caractère de l’équipage ont été les atouts maîtres de Biotherm. « Il n’y a que des routiers à bord ! s’amuse Paul. Ils peuvent rouler des heures le coude sur la portière ! On a tout géré dans le calme et la bonne humeur. Ça a été le point fort de cette étape ». 

14 03 230405 TOR JOF 29829© Sailing Energy / The Ocean Race

Opération commando pour les réparations

Dès aujourd’hui, alors qu’une grande partie de l’équipage s’apprête à rentrer en France pour reprendre le cours de sa vie et de ses projets professionnels,  une autre course contre la montre débute au Brésil. La job list qui attend l’équipe technique de Biotherm tient en … 200 lignes. « Nous ne pourrons pas tout faire, prévient Paul. Il faudra faire des choix, définir les priorités ».Le boat captain Marc Liardet et sa team ont 18 jours devant eux avant le départ de la 4e étape le 23 avril. 

Nouvelles têtes

Pour ce 4e opus à destination de Newport / USA, soit un parcours de 5500 milles en Atlantique Sud et Nord (passage de l’équateur au programme), Paul a constitué son groupe. Il sera accompagné du Britannique Alan Roberts (spécialiste du Figaro), de la portugaise Mariana Lobato et de la Française Marie Riou, quadruple championne du monde de Nacra17 et vainqueur de la Volvo Ocean Race 2018. Anne Beaugé sera de retour à bord en tant que reporter embarquée. 

Paul Meilhat :« En équipage, dans le Grand Sud, c’est une vie très très intense, beaucoup plus intense de ce qu’on a l’habitude de vivre en solitaire. On dort mieux, mais on est tout le temps en train de bosser. On n’a pas vraiment le temps pour de grandes réflexions métaphysiques. On est pris par l’événement, en permanence. Personnellement, j’ai l’impression de me faire dévorer par l’événement. Ce qui est gratifiant, c’est la résolution des problèmes à bord. On a fait de la strat’, je suis monté dans le mât plusieurs fois et le faire dans les 50èmes, c’est génial en termes d’expérience. Et nous avions les bonnes personnes à bord. C’était vraiment agréable. Damien est très bon pour remonter le moral de l’équipe. Sam, tout peut lui arriver, elle reste zen. Antho est parfois un peu grognon mais totalement à fond ! De mon côté, mon rôle était de prendre le pouls de l’équipage, de savoir prendre du recul, de donner le tempo et de prendre des décisions pour que nous puissions aller dans la bonne direction. »

Anthony Marchand :« J’étais heureux de découvrir l’atmosphère du Grand Sud, le froid, la grisaille, les nuits courtes, la densité du vent. C’est une atmosphère très particulière. Le passage du cap Horn dans un gros grain de neige,  avec les montagnes toutes blanches derrière est un super souvenir. Et j’ai été étonné de voir à quel point on s'habitue au froid et à l’humidité. A la fin, tous nos matelas étaient trempés, piqués par la moisissure. Quatrième, n’est pas le résultat qu’on souhaitait. Mais il y a eu du jeu pendant toute la course, même si à partir du Horn, c’était un peu la punition. Il y  a eu plein de rires, des moments géniaux à bord. Des mésaventures, aussi, mais à chaque fois, tout s’est déroulé dans la bonne humeur. Tu sais de toute façon que tu auras une emmerde par jour, alors chaque réparation est une victoire et tu continues d’avancer. »

14 03 230405 TOR JOF 6603© Sailing Energy / The Ocean Race

Damien Seguin :« Ce que je retiens, c’est la façon dont on est capable de mener un IMOCA en équipage, on touche là d’autres limites du bateau, du matériel. C’est la deuxième fois que je traversais les mers du Sud et ça a été différent de la première. Ce qui est bien dans ces contrées, c’est que tu ne sais jamais à quoi t’attendre, l’inconnu est toujours présent et tu fais avec ce que tu as. C’est aussi cela qu’on vient chercher. Le moment fort est certainement notre passage du cap Horn. Ma première fois, c’était de nuit et j’étais loin. Là, on a eu un spectacle magique au lever du jour, sous la tempête de neige avec les sommets blancs au fond. En tout cas, cette expérience nous a tous fait progresser. On a beaucoup été dans l’échange et nous repartons tous avec un bagage de marin un peu plus lourd qu’avant. » 

Samantha Davies :« Je suis marquée par le fait qu’il est possible de pousser si fort les bateaux dans des conditions aussi rudes. C’est un plaisir un peu stressant. On a enchaîné des jours et des jours à 500 milles… C’était de la vitesse facile, mais ça tire sur le bateau, l’équipe, c’est impressionnant. Ce bateau est une fusée, mais il est dur et parfois violent parce qu’il enfourne tout le temps. Au portant dans la brise, on galère. Mais on a appris des choses. Et puis c’était une chouette ambiance entre nous. Paul a bien choisi son équipe. Il a super bien géré. Maintenant, c’est trop cool aussi de revoir l’équipe technique ici qui a l’air bien reposée alors qu’ils étaient épuisés à Cape Town. Eux aussi, tu vois qu’ils donnent tout pour le projet ! Moi je suis presque un peu triste que ce soit terminé parce que je me suis bien amusée, mais j’avoue que je suis contente de rentrer pour voir mon fils, mes amis et reprendre une vie ‘normale’ ! »

14 03 230405 TOR JOF 29838© Sailing Energy / The Ocean Race

Ronan Gladu, reporter embarqué :« C’est une énorme expérience, je suis hyper content d’avoir vécu ça. C’était assez engagé pour tout le projet et très dur techniquement sur la fin pour l’équipe. Je retiens les images de la houle en entrant dans l’Indien et la même, plus grosse encore à la fin du Pacifique. Et puis le cap Horn sous la neige !  Je suis content d’avoir été entouré par cet équipage de dingues. Ils étaient sereins, sans le moindre doute, sans stress, c’était rassurant.  Je n’arrête pas de les remercier parce que c’est grâce à eux ce voyage. Si je suis cap hornier, c’est grâce à eux et grâce à l’équipe technique du bateau. »

Source Team Biotherm