Heading west

A moins d’un mois du départ de la New York – Vendée, Big Apple est dans toutes les têtes. Pour rallier les Etats-Unis, chacun a fait ses choix : une course dans les alizés au départ des Canaries, une Transat à la dure comme au bon vieux temps ou bien encore un convoyage décliné à l’encre de marine.

En course ou bien en convoyage, c’est la ruée des IMOCA vers New York. Certains viennent juste de larguer les amarres en équipage quand d’autres fourbissent leurs armes en solitaires. L’essentiel pour tous est d’être à New York, parés pour la New York – Vendée, avec un bateau en parfait état.

Par la face nord

Les six concurrents de The Transat bakerly n’ont pas choisi la facilité. S’engager en course sur l’Atlantique Nord, contre les vents dominants, n’a rien d’une sinécure comme en témoignent les conditions rencontrées par la flotte depuis le départ de Plymouth. Contraints de descendre jusqu’à la latitude des Açores, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII), Vincent Riou (PRB), Jean-Pierre Dick (St-Michel Virbac), Paul Meilhat (SMA) et Richard Tolkien ont dû affronter une dépression très creuse générant des vents supérieurs à 50 nœuds près de son centre. Le sixième larron engagé dans l’affaire, Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) a été contraint de jeter l’éponge suite à une avarie de grand-voile. L’incident ne mettait pas en danger l’intégrité du bateau, mais ne permettait pas à Sébastien de continuer de courir dans des conditions acceptables. Si le trio de tête fourbit ses armes avant la New York – Vendée, l’objectif est un peu différent pour Paul Meilhat et Richard Tolkien qui comptent sur la course pour se qualifier et pouvoir disputer la New York – Vendée, l’esprit libre. Trois autres concurrents ont déjà pointé leur étrave vers le nouveau continent. Au départ de Lanzarote, la Transat Calero a permis à Peter Heerema, Sébastien Destrémau (Face Ocean) et Alan Roura (Un Vendée pour la Suisse) de rejoindre New York par le chemin des écoliers, celui des alizés, avant de bifurquer en fin de parcours. Le résultat est anecdotique, l’objectif premier de ces trois concurrents étant de valider leur parcours de qualification pour le Vendée Globe.

Balade de la mer salée

Enfin pour la plupart des skippers, le convoyage vers New York s’accompagnera d’une conversation par mails interposés avec un écrivain passionné de mer… Cette initiative parrainée par les éditions Gallimard sur une proposition des organisateurs du Grand Prix Guyader vise à tenter de mettre en mots les sensations des marins quand ils sont en mer, de lever un voile sur le quotidien des marins, sur ce qui les occupe, leurs bonheurs et leurs petits tracas. Derrière, chaque écrivain devra réagir, développer son imaginaire pour nouer un véritable dialogue avec les skippers. Objectif final : recueillir la matière pour un livre à paraître avant le départ du prochain Vendée Globe. Des huit marins concernés par l’opération, six le feront lors de leur convoyage : Yann Elies (Quéguiner – Leucémie Espoir), Morgan Lagravière (Safran), Fabrice Amédéo (Newrest – Matmut), Tanguy de Lamotte (Initiatives Cœur), Bertrand de Broc (MACSF) et Stéphane Le Diraison. De quoi alimenter les usines à rêves.

Tout sur le Voyage Transatlantique de nos Ocean Masters et leur IMOCA60: www.voyagetransatlantique.grandprixguyader.com

Extrait du texte d’Olivier Frébourg, associé à Morgan Lagravière :

« L’Atlantique n’est pas un paradis de tout repos même si c’est une mer originelle. Avec ses tempêtes, ses icebergs dérivant vers le sud, sa houle continue, ses vagues comme des montagnes, l’Atlantique nord est même un enfer où l’on s’agenouille pour demander grâce. Il peut se révéler plus aimable mais ce n’est pas si fréquent. Il incarne la liberté des mers mais aussi le lien entre l’ancien et le nouveau monde. Transatlantique est un mot-ruban élégant et élancé comme le paquebot Normandie.  La variation de ses bleus est infinie. »

Texte de Yann Eliès, associé à François Garde :

« Je suis plutôt enthousiaste à l’idée de participer à ce projet d’écriture et d’échange Auteur/Skipper, c’est une belle idée. Cela nous donne l’occasion de coucher sur le papier ce qui nous anime, la face un peu cachée de ce qui fait que nous faisons ce métier… Ce qui fait d’ailleurs qu’en mer nous oublions parfois, voire souvent, que c’est notre métier. L’occasion de le raconter différemment. »