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Le neuvième Vendée Globe est loin d’être terminé mais avec les leaders au large du cap Horn, c’est un bon moment pour établir un premier bilan.

Avec une flotte record sur la ligne de départ aux Sables d’Olonne le 8 novembre dernier, le Vendée Globe nous offre depuis une course beaucoup plus au contact que les éditions précédentes.

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Voici quelques éléments clés de ce qui a composé jusqu’ici une régate passionnante.

Une préparation sans précédent dans un monde qui se battait contre le Covid-19

Tous les skippers et leurs sponsors ont fait face à une période extrêmement compliquée avant le départ. Les équipes ont eu moins de temps que d’habitude pour tester les bateaux ainsi que pour régater et les deux transatlantiques de la saison IMOCA ont dû être annulées. Néanmoins, une nouvelle course a pu se courir en juillet et tout le monde a ensuite pu rejoindre la ligne de départ aux Sables d’Olonne en ordre de marche, ce qui était déjà un exploit pour les skippers, leurs équipes et les organisateurs de la course.

Vg2020 20201105 fleet start9158 haute dfinition vi© © Jean-Marie Liot / Alea

Un taux d’abandon remarquablement bas

Jusqu’ici six concurrents sur 33 ont abandonné ; un taux bien inférieur aux 50% historiques et espérons que cela continue sur le dernier tiers de la course. Certains estimaient que le confinement et les contraintes imposées en amont de la course auraient pu affecter la fiabilité, notamment des bateaux de la dernière génération mais il semble que ce ne soit pas le cas. Lors de la dernière édition en 2016-17, à ce stade de la course, 11 bateaux sur les 29 au départ avaient déjà été contraints d’abandonner, tandis que lors de l’édition 2012-13, huit des 20 participants avaient déjà jeté l’éponge.

Les collisions avec des OFNI n’ont pas décimé la flotte

Parmi les six bateaux qui ont abandonné (HUGO BOSS, Newrest-Art & Fenêtres, Initiatives-cœur, CORUM L’Épargne, PRB et ARKEA PAPREC), seulement trois ont abandonné suite à une collision (HUGO BOSS, Initiatives-Cœur et ARKEA PAPREC). Plusieurs autres ont certes subi des dégâts suite à une collision, mais ont pu poursuivre leur course en restant relativement compétitifs. Les autres abandons résultent d’autres problèmes : un démâtage (CORUM L’Épargne), des soucis d’informatique (Newrest-Art & Fenêtres) et la perte totale d’un bateau (PRB). 

Capture d’écran 2020 12 05 à 17.00.02© Alex Thomson Racing

Une course relativement lente

Avant le départ, certains imaginaient un tour dans un temps record, soit mieux que la performance réalisée par Armel Le Cléac’h’ en 74 jours et trois heures en 2016-17. Cela n’a pas été le cas dans ce marathon où les foilers les plus rapides n’ont pas pu réellement profiter de conditions propices à la vitesse. La descente de l’Atlantique était particulièrement difficile et relativement lente, tandis que même dans les mers du Sud, de vastes zones de calmes ont ralenti la flotte lors de sa progression vers l’est. Néanmoins, ce rythme plus lent ne signifie pas un spectacle moins intéressant, loin de là. Pendant que l’on s’oriente vers la deuxième édition où le temps de référence de l’édition précédente ne sera pas amélioré, ce Vendée Globe semble figurer parmi les plus passionnants de l’histoire de l’épreuve.

Une course avec un certain nombre de leaders

Depuis la première nuit, huit marins ont occupé la première place – Beyou, Sorel, Seguin, Dalin, Le Cam, Thomson, Ruyant, Bestaven – dont certains se sont retrouvés en tête à plusieurs reprises. Cela reflète la nature très compétitive de la première partie de ce tour du monde, lorsqu’il y a eu des changements de leader réguliers. Depuis, dans les mers du Sud, la hiérarchie s’est stabilisée un peu plus, mais elle pourrait être de nouveau bouleversée lors de la remontée de l’Atlantique.

Vg2020 20210102 bestaven photo3548b haute dfinition vi© Yannick Bestaven / Maître CoQ IV

La révélation de nouvelles stars

Les ambitions de certains skippers de renoms ont été, soit anéanties avec notamment l’abandon d’Alex Thomson sur HUGO BOSS et de Sam Davies sur Initiatives-Cœur, soit mises à rude épreuve avec le re-départ de Jérémie Beyou (Charal) après un retour à la case départ qui a mis fin à ses espoirs de victoire. Jean Le Cam, toujours suivi passionnément par le public français, a donné un éclat particulier à cette course grâce à sa maîtrise de la navigation à bord d’un ‘vieux’ bateau. Mais à cette exception près, cette course verra sans doute l’arrivée de nouvelles stars sur le podium. Des navigateurs moins connus au départ que l’étaient à leur époque, Michel Desjoyeaux, François Gabart ou encore Ellen MacArthur. 

Un tour du monde au contact 

Les régates côtières et courses transatlantiques au programme des IMOCA Globe Series donnent souvent des arrivées serrées, notamment avec ces skippers extrêmement compétitifs et leurs bateaux optimisés. Ce fut le cas lors de la première édition de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, en juillet dernier, où les dix premiers sont arrivés avec un écart de seulement six heures et 16 minutes, après dix jours de course. L’élément le plus remarquable de cette édition est peut-être la bataille acharnée que se livrent les dix premiers bateaux. Il s’agit d’une bagarre entre des foilers et des monocoques équipés de dérives droites où, après des milliers de milles, certains se sont retrouvés à naviguer à vue ! C’est seulement depuis quelques jours que les deux leaders ont pris la poudre d’escampette, aux abords du cap Horn, mais la bataille derrière devrait se poursuivre jusqu’à l’arrivée. On pourrait même affirmer que le regroupement en tête de la flotte du Vendée Globe ressemble plus à ce que l’on a habitude de voir lors d’une transat que lors d’un marathon planétaire.

JLC APICIL BI HD 1935© Jean-Louis Carli


La performance des meilleurs bateaux d’ancienne génération et de leurs skippers

Les classements de cette édition peuvent surprendre avec la présence de quelques ‘vieux’ bateaux aux côtés des nouveaux foilers. Parmi les exploits, citons les cas de Jean Le Cam sur Yes We Cam!, un bateau lancé en 2006, de Benjamin Dutreux sur OMIA-Water Family, qui date de 2007, tous comme les bateaux de Damien Seguin (Groupe APICIL) et de Maxime Sorel (V and B Mayenne). Dans cette catégorie, la performance de Le Cam à 61 ans est particulièrement remarquable, tandis que Damien Seguin confirme son statut de nouveau talent de la Classe IMOCA. En effet, il a réussi à optimiser son bateau pour convenir à ses besoins, a passé cette nuit le cap Horn en 4e position et s’offre une vraie chance de monter sur le podium.

Les poursuivants acharnés

Lors de cette édition du Vendée Globe, on note la détermination de deux ‘retardataires’. Il y a d’abord l’acharnement de Jérémie Beyou, déterminé à repartir en course huit jours après le coup d’envoi pour boucler son tour du monde. Il pointe actuellement en 18e position à 2 694 milles du leader et affiche de belles vitesses et une trajectoire tendue. Ensuite, après avoir pris du retard dans la première partie de la course en raison d’une série d’avaries, Armel Tripon revient en force aux commandes de L’Occitane en Provence, un IMOCA qui maintient un bon rythme, actuellement en 13e position. Citons enfin la persévérance de Sam Davies sur Initiatives-cœur. La Britannique suit l’exemple d’Isabelle Autisser qui était repartie du Cap en 1996 après des réparations – une décision courageuse qui confirme que l’important dans son aventure Vendée Globe n’est pas le seul résultat sportif mais aussi la campagne de récolte de fonds pour opérer le plus grand nombre possible d’enfants avec Mécénat Chirurgie Cardiaque.

Vg2020 20210102 tripon photo3551b haute dfinition vi© Armel Tripon / L’Occitane en Provence

Une couverture médiatique boostée

Comme à l’accoutumée, le Vendée Globe est très suivi par les médias en France, mais on constate une couverture beaucoup plus large à travers le monde et dans tous les médias grâce aux nombreuses vidéos et photos, à tous les ‘live’ et aux textes de qualité envoyés par les skippers. Un succès notamment obtenu en collaboration avec les partenaires communication de la Classe IMOCA, Iridium et Thales, permettant aux marins solitaires de disposer d’une connexion inégalée.

Et une incroyable course virtuelle

Si l’intérêt pour ce tour du monde atteint un niveau sans précédent, on peut en dire autant de la régate sur Virtual Regatta qui a réuni plus de participants que jamais. 500 000 bateaux se sont alignés au départ de cette quatrième édition virtuelle et, au terme de la première nuit, 100 000 nouveaux participants avaient rejoint la course. Depuis, la flotte grandit pour dépasser aujourd’hui le million de bateaux, ce qui reflète le succès grandissant de la course auprès de cette communauté de passionnés, devant leurs écrans.

Ed Gorman / IMOCA (traduit de l’Anglais)

Les temps de passage et écarts au cap Horn

1 - Maître CoQ (Yannick Bestaven) IV le 02/01/2021 à 13h42 UTC après 55j 00h 22min de course

2 - APIVIA (Charlie Dalin) le 03/01/2021 à 04h39 UTC après 55j 15h 19min
14h 56min derrière le leader

3 - LinkedOut (Thomas Ruyant) le 04/01/2021 à 00h40 UTC après 56j 11h 20min
1j 10h 57min derrière le leader ; 20h 00min derrière APIVIA

4 - Groupe APICIL (Damien Seguin) le 04/01/2021 à 02h40 UTC après 56j 13h 20min
1j 12h 58min derrière le leader ; 02h 00min derrière LinkedOut

5 - OMIA-Water Familly (Benjamin Dutreux) le 04/01/2021 à 14h52 UTC après 57j 01h 32min
2j 01h 10min derrière le leader ; 12h 12min derrière Groupe APICIL