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A deux jours du départ, les navigateurs de la Classe IMOCA au départ de la Transat Jacques Vabre surveillent de près la météo avant une course qui s'annonce relativement lente.

A deux jours du départ, les navigateurs de la Classe IMOCA au départ de la Transat Jacques Vabre surveillent de près la météo avant une course qui s'annonce relativement lente.

Christian Dumard, le consultant météorologique officiel de la course, estime que les alizés ne sont pas bien établis - il les décrit comme "très faibles ou inexistants" - et prévoit que les IMOCA de tête mettront probablement 17 ou 18 jours pour parcourir les 5 800 milles nautiques qui les séparent de Fort-de-France en Martinique.

La 15e édition de la Transat Jacques Vabre s'annonce comme une fascinante partie d'échecs entre les bateaux de tête, puis les plus anciens qui s'affrontent au milieu du peloton, et les décisions que prendront les marins dans les premières heures seront probablement déterminantes.

Cette classique biennale a souvent connu de gros vents et une mer agitée au départ mais, cette année, la flotte partira avec un bel angle de vent au nord-ouest et une brise soufflant jusqu'à 20 nœuds, ce qui devrait permettre un départ spectaculaire dimanche (13h27).

Vient ensuite le temps de la décision. Avec un vent mollissant dans la Manche occidentale, le choix sera soit de se diriger vers l'ouest, où une liaison difficile avec un système dépressionnaire prononcé les attend, soit de se diriger vers le sud où des vents légers annoncent une traversée lente du Golfe de Gascogne.

Selon Christian Dumard, l'option sud est risquée car les vents s'annoncent faibles pendant plusieurs jours, avec un cap vers le sud, jusqu’au-delà du cap Finisterre, avant de pouvoir partir un peu plus ouest. "Certains modèles proposent une route vers le sud et il y aura des vents très faibles dans le golfe de Gascogne, puis des alizés légers, ce qui rendra le voyage assez lent jusqu'au Pot au Noir", résume le météorologue.

En revanche, sur la route ouest, le risque est d'affronter une grosse mer, associée à la dépression, dans un scénario qui n'est pas sans rappeler le début du dernier Vendée Globe. En effet, les solitaires avaient dû affronter la tempête tropicale Theta en tout début de course. Si ce système ne s’annonce pas aussi puissant, il sera tout de même difficile à gérer avec 30-35 nœuds de vent et une mer de quatre à cinq mètres.

"Tous les modèles donnent beaucoup de vent à l'ouest", a poursuit Christian. "Mais il y a différents scénarios sur ce qui se passe dans cette basse pression - pour l'instant, ça va probablement du près ou du reaching sur une trajectoire l'ouest. Ensuite, les bateaux vont contourner le nord du centre du système et de là, il pourrait retrouver du vent arrière."

Selon les fichiers, il y a encore beaucoup d'incertitude autour de cette option, le modèle européen et le modèle américain ne convergeant pas. "Avec le modèle américain, le routage à l'ouest est le plus rapide, mais avec le modèle européen, la basse pression n'est pas au même endroit au même moment dans six jours, donc la seule route est à l'est", explique-t-il.

Il prévient également que l'option sud pourrait s'améliorer : "La traversée du golfe de Gascogne n'a pas l'air si facile (pour l'instant), mais cela pourrait encore changer d'ici le départ des bateaux dans dimanche".

En ce qui concerne le Pot au Noir, Christian Dumard estime qu'il est trop tôt pour faire des prédictions sur les meilleures voies de passage. Il a toutefois souligné que la deuxième traversée du Pot au Noir, lorsque les bateaux se dirigeront vers le nord pour rejoindre l'arrivée, après avoir contourné Fernando de Noronha, devrait être relativement simple.

"Sur le chemin du retour, ils ne traverseront pas vraiment le Pot au Noir à proprement parlé car ils seront assez loin à l'ouest", détaille-t-il. "Ils seront juste au bord du Pot au Noir mais pas vraiment dedans et cela devrait être plus facile pour eux sur le chemin du retour."

Comme toujours en matière de course au large, la météo va jouer un rôle crucial dans cette Transat Jacques Vabre et il semble que les décisions prises en amont dans la Classe IMOCA - où le routage à terre est interdit - pourraient avoir une influence majeure sur la composition finale du podium en Martinique.

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)