The Transat B to B counted them all out and counted them all back…

Partie de Saint-Barth, la Transat B to B s'est achevée avec l'arrivée le 21 décembre du dernier des concurrents à Lorient. Des chaleurs tropicales des Antilles aux rigueurs hivernales du golfe de Gascogne, la course a tenu toutes ses promesses.

Parcours de qualification pour les uns, entraînement en situation de compétition pour tous, la Transat B to B s'est révélée un excellent banc d'essai dans la perspective du prochain Vendée Globe. Retour sur les temps forts de la course.

5 décembre : un départ mouvementé
Alors que le salon nautique de Paris bat son plein, la Transat B to B prend son envol avec, au final, les huit concurrents attendus sur la ligne de départ. François Gabart (MACIF) a cravaché avec son équipe technique pour être prêt à temps et a rejoint Saint-Barth à la dernière minute. La ligne de départ est le théâtre d'un incident impliquant Vincent Riou (PRB) et Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3) à la faute sur Marc Guillemot (Safran). Au final, plus de peur que de mal pour un abordage qui aurait pu mal tourner, mais tout ce petit monde n'est pas passé loin de la correctionnelle. On retrouve, quelques heures après la ligne, un Marc Guillemot passablement énervé et les deux fautifs visiblement penauds de s'être laissés entraîner dans un processus de surenchère qui aurait pu coûter cher. Il existe de meilleures manières de débuter une course.

7 décembre : cap ou vitesse
Il n'aura pas fallu longtemps à François Gabart pour se mettre dans le rythme. Partisan, comme Jean-Pierre Dick, d'une route légèrement plus à l'ouest que le reste de la flotte, le skipper de MACIF a commencé de creuser l'écart sur ses concurrents. Calé dans l'est de la flotte Armel le Cléac'h (Banque Populaire), conserve la tête du classement général car plus proche de l'orthodromie. Marc Guillemot et Louis Burton (Bureau Vallée) peinent à trouver le bon rythme. Le premier, victime d'une insolation, n'a pu que suivre peu ou prou la cadence imposée par ses concurrents, quand le benjamin de la course avouait payer une grosse fatigue accumulée jusqu'au jour du départ.

9 décembre : journée de transition
Chacun sa route... Hier encore, ils étaient trois sur la route du nord : François Gabart et Jean-Pierre Dick avaient été rejoints par Vincent Riou dans leur option. Mais à l'amorce de la transition, les lignes bougent. Le skipper de MACIF choisit de retraverser la flotte pour accompagner Armel Le Cléac'h, positionné le plus au sud, mais aussi le plus à l'est. Derrière les deux groupes de leaders, chacun choisit son camp : Alex Thomson (Hugo Boss) opte franchement pour le nord, Marc Guillemot et Louis Burton pour le sud, quand Mike Golding (Gamesa) reste sur une position intermédiaire. Cette journée du 9 décembre va finalement se révéler décisive. Partis chercher les premiers vents d'ouest sous Terre-Neuve, les hommes du nord butent sur la formation d'une petite dépression secondaire qui génère une alternance de calmes et de vents d'est ! Pendant ce temps, les deux hommes du sud s'échappent.

10 décembre : seul en tête
La fortune sourit aux audacieux. Non content d'avoir réussi un joli coup stratégique, François Gabart a réussi, en une nuit, à se débarrasser d'une partie de la pression qu'exerçait, sur son tableau arrière, Armel Le Cléac'h. Pendant que le skipper de Banque Populaire s'engluait dans une bulle sans vent, son adversaire a continué d'avancer et se retrouve après cinq jours de course, nanti d'une avance de près de quarante milles sur son plus proche poursuivant. Sans être rédhibitoire, c'est un avantage plutôt confortable, d'autant que la course devrait se résumer maintenant à une course de vitesse jusque Lorient.

11 décembre : qui craint le grand méchant vent ?
Préoccupation majeure des navigateurs en route vers le vieux continent en ce dimanche : comment aborder le golfe de Gascogne dans des conditions qui s'annoncent particulièrement musclées ? Au vu des fichiers météo, la flotte risque de se retrouver piégée juste sur la remontée des fonds du plateau continental. En attendant, chacun se prépare physiquement et mentalement au mauvais temps.

12 décembre : une porte pour une fenêtre
La décision est tombée : à l'initiative de la direction de course, une porte virtuelle, située à 300 milles à l'ouest de Vigo devra être respectée par la flotte. Le passage de la porte va d'une part obliger les concurrents à ne pas mettre trop de nord dans leur route et de l'autre, retarder leur arrivée dans le golfe de Gascogne. En évitant de monter trop nord, les concurrents de la Transat B to B se trouvent épargnés par le plus fort du vent et de la mer. Ils se laissent aussi une chance qu'une fenêtre météo s'ouvre pour une arrivée sur Lorient moins musclée. Des préoccupations qui ne sont plus celles de Louis Burton et Jean-Pierre Dick. Aux prises avec quelques soucis techniques, les deux navigateurs ont dû piquer au sud pour rechercher des conditions de mer apaisées. Jean-Pierre Dick, victime d'un hook de gennaker coincé, devra monter en tête de mât pour réparer.

14 décembre : réduction de parcours
C'est au soir de la journée du 14 décembre, que Jacques Caraes, directeur de course, prend une décision inédite. Après avoir consulté les arbitres de l'épreuve, analysé avec la cellule météo la situation pour les jours à venir, il choisit d'arrêter la course à la hauteur de la porte virtuelle. C'est une première dans le monde de la course au large, mais elle rencontre un écho plus que favorable des marins qui saluent là une décision courageuse et particulièrement adaptée à une situation météo exceptionnelle.

15 décembre : le coup du bizuth
A 6h30, François Gabart franchit la ligne virtuelle de la Transat B to B. Pour sa première course en solitaire en Imoca, il l'emporte devant des navigateurs aussi chevronnés et talentueux qu'Armel Le Cléac'h, Vincent Riou, Marc Guillemot, Alex Thomson ou Mike Golding. Jean-Pierre Dick et Louis Burton ne peuvent plus se mêler à la course, compte tenu du crochet dans le sud qu'ils ont dû faire. François sera suivi quelques heures plus tard par Armel Le Cléac'h, Vincent Riou, Mike Golding et Marc Guillemot. Alex Thomson, arrivé sixième, obtiendra une demande de réparation du jury et sera finalement reclassé quatrième ex-aequo avec Mike Golding, sans que cela ne modifie le classement de ses adversaires. Pour les solitaires de la Transat B to B, va maintenant commencer un long convoyage à petite vitesse vers Lorient, en attendant que le plus fort du mauvais temps passe sur le golfe de Gascogne.

18 décembre : premières arrivées à Lorient
Ils ont fait le gros dos pendant plus de vingt-quatre heures, attendant sagement au large de l'Espagne, que le mauvais temps passe. Pendant que la Bretagne essuie une des plus fortes tempêtes de l'année, ils commencent à faire route, quatre cents milles plus au sud. Au final, ce sont François Gabart et Armel le Cléac'h qui s'amarrent les premiers sous la Cité de la Voile. Les arrivées des autres concurrents vont se succéder jusqu'au 20 décembre... La remise des prix du 22 décembre sera le point d'orgue de cette course qui, de l'avis unanime des solitaires, pèsera sûrement dans l'expérience engrangée avant le prochain Vendée Globe.

PFB

www.transatbtob-imoca.com