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Jusqu’au bout, le skipper allemand s’est accroché dans les petits airs en espérant prendre la victoire à Yoann Richomme (IMOCA PAPREC ARKÉA). Auteur d’une sacrée « remontada » en fin de semaine, il s’était approché à moins de 15 milles du leader.

En franchissant la ligne d’arrivée à 22 h 42 31" (heure française), il termine à 2 heures 20 minutes et 28" du vainqueur à l’issue d’un combat de 8 jours, 9 heures, 12 minutes et 31 secondes. Il s’agit de son 2e podium dans une course majeure après sa 3e place à The Ocean Race l’an dernier.

SA COURSE EN CHIFFRES

Heure d’arrivée : 22 h 42 31 ‘’ (heure française)
Temps de course : 8 jours 9 heures 12 minutes 31 secondes
Distance parcourue : 3251,31 milles
Écart avec le 1er : 2 heures 18 minutes 59 secondes
Vitesse moyenne (sur l’orthodromie) : 14,66 noeuds
Vitesse moyenne réelle : 16,16 noeuds

Boris Herrmann est une personnalité à multiples facettes. À terre, c’est un homme ouvert, tourné vers les autres, consciencieux, qui impressionne par sa capacité à l’introspection. En mer, c’est un skipper de haut vol et un fin régatier qui lutte contre ses doutes et ses appréhensions pour donner le meilleur. Incontournable du circuit IMOCA depuis 2017, abonné au ‘top 10’ dans la grande majorité des courses où il s’aligne, Boris a longtemps fait partie des candidats à la victoire finale au dernier Vendée Globe (5e). Il n’empêche, dans une forme de franchise et de lucidité impressionnante, il n'a jamais caché sa difficulté à vivre la solitude à bord, l’éloignement et la pression. En parler est une façon d’y faire face et de démontrer qu’il y travaille, lui qui s’épanouit tant en double ou en équipage.

 

S 14 03 230323 ANA MALIZ 0062© © Antoine Auriol - Team Malizia

« Je ressens un peu de peur et d’anxiété »

Grâce à ses confidences, son humilité et sa capacité à parler ouvertement de ses failles, Boris Herrmann cultive une élégance qui détonne dans la flotte. Ses mots, juste avant le départ de The Transat CIC, en ont été une nouvelle illustration. Quand ses confrères d’infortune évoquaient les enjeux sportifs, lui préférait s’attarder sur « son respect énorme pour l’Atlantique Nord ». « Je ressens presque un peu de peur et d’anxiété, ajoute-t-il. C’est une aventure, on ne sait pas trop ce qui va se passer pendant la course mais j’ai hâte de naviguer. »

Prudent en début de course, Boris doit faire face à quelques problèmes techniques. Mercredi dernier, il expliquait « avoir dû s’arrêter quelques heures pour bricoler ». Il parlait aussi de « l’instabilité des conditions », du vent qui passait subitement de 10 à 20 nœuds et de la « difficulté de faire fonctionner le bateau ». Et puis il ajoute rapidement, comme pour s’excuser : « mais je ne vais pas me plaindre ! »

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Une ‘remontada’ au cœur de l’Atlantique

Le skipper de Malizia-Seaexplorer, qui a également déployé une bouée météo pendant la course, pointe alors aux portes du ‘top 10’. Jeudi dernier, alors que la tête de flotte met le cap vers le Sud-Ouest, Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) en profite pour dépasser Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) par le Nord. Boris a ainsi débuté sa « remontada ». Légèrement plus Sud que ses rivaux, il bataille avec Damien Seguin (Groupe APICIL), Samantha Davies (Initiatives-Cœur) avant de dépasser Charlie Dalin ce samedi. La suite, c’est cette zone de transition particulièrement délicate à gérer avec un vent quasi inexistant et des manœuvres à multiplier. Boris s’emploie avec succès puisqu’il réduit drastiquement l’écart avec Yoann Richomme, offrant une fin de course à couper le souffle.

S’il n’est pas parvenu à revenir sur Yoann, l’Allemand a néanmoins réalisé une performance de haute volée. Sa constance, sa capacité à tenir bon et sa gestion de la course sont autant de masterclass pour tous les passionnés de course au large. Surtout, le marin s’offre un nouveau podium. Lui qui n’avait plus connu cette joie depuis la Rolex Fastnet Race en 2017 (2e), compte désormais deux podiums en deux ans, sur The Ocean Race (3e) et donc désormais, sur The Transat CIC (2e).

Boris va pouvoir enfin relâcher la pression et se reposer après cette course particulièrement harassante. C’est le temps désormais de prendre du plaisir et de savourer son entrée dans New York. De quoi lui rappeler quelques beaux et chaleureux souvenirs. En 2008, en Class40, il était déjà arrivé 2e à l’issue de la Transat Anglaise et avait rencontré Giovanni Soldini avec qui il a ensuite participé à tant d’aventures. Neuf ans plus tard, en août 2019, nouvelle traversée de l’Atlantique Nord, cette fois-ci avec son ami et co-fondateur de Team Malizia, Pierre Casiraghi et l’activiste Greta Thunberg en août 2019. Un périple qui avait été certes un peu plus long (14 jours) et qui s’était terminé en arrivant à ‘Big Apple’. Il avait dépassé la Statue de la Liberté, craqué des fumigènes et affiché un sourire rayonnant. Exactement son programme à son arrivée à New York demain matin.