Tough trades

Groupés aux avant-postes, les leaders de la flotte sont aux prises avec un alizé instable qui ne leur laisse aucun répit.

 

Preuve de l'intensité du rythme de cette 11ème Transat Jacques Vabre dans la classe IMOCA, 5 bateaux (le nouveau leader Cheminées Poujoulat puis respectivement PRB, MACIF, Maître CoQ et Safran) se tenaient ce matin dans une rayon de 80 milles par rapport à la distance au but, Itajaï (Brésil), éloigné de 3600 milles au classement de 12 h 30 TU. MACIF avait pourtant pris un peu l'avantage au sortir du golfe de Gascogne et distançait ses premiers poursuivants d'une bonne cinquantaine de milles avant qu'une escale forcée à Peniche (Portugal), pour changer le safran tribord, ne l'oblige à tout reprendre à zéro il y a trois jours. Remontés à la troisième place, à une trentaine de milles dans le sillage de Bernard Stamm et Philippe Legros, François Gabart et Michel Desjoyeaux évoquaient ce matin les difficultés d'avancer au mieux dans un alizé instable ponctué de nombreux grains. Même s'ils ont eu à subir, tout comme Vincent Riou et Jean Le Cam (PRB), un peu le dévent de l'Archipel de Madère, le vent s'est montré capricieux pour l'ensemble du groupe des cinq premiers, y compris Safran et Maître CoQ, décalés plus à l'ouest. Chaque duo est donc obligé de se montrer extrêmement concentré sur les réglages, pour négocier au mieux les variations du vent en force (12 à 20 noeuds) et en direction (de 30 à 40° !). Choquer, border, régler en permanence le pilote automatique, surveiller l'état du ciel et de la mer pour optimiser la marche du bateau, les heures alizéennes ne sont pas de tout repos pour les premiers marins de la classe IMOCA qui montrent leur application en restant groupés aux avant-postes. Tout relâchement serait rapidement sanctionné sur des bateaux aux performances visiblement très homogènes. En 6ème position, Louis Burton et Guillaume Le Brec (Bureau Vallée) continuent à s'accrocher à un peu moins de 130 milles des leaders pendant que Bertrand de Broc et Arnaud Boissières (Votre Nom Autour du Monde) déplorent la perte de leur grand gennaker. Groupés dans une quarantaine de milles, à 300 milles de la tête de flotte, Energa, Team Plastique (seul IMOCA 60 à quille fixe) et Initiatives-Cœur payent le manque de performance de leurs bateaux moins récents. L'approche du Pot-au-Noir s'annonce pour tous compliquée selon les routages, tant les incertitudes restent grandes au sujet des alizés et de la meilleure porte de passage pour traverser la Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT). La route est encore longue !

Christophe Favreau